Ce passage me parait important :
Si comme le suggère le dernier rapport du Forum économique mondial sur les risques globaux, la désinformation est l’une des plus grandes menaces à court terme pour l’humanité, notre capacité collective à comprendre comment elle se propage et son impact sur notre société doit être une priorité.
Il ne nous viendrait pas à l’idée d’entraver la recherche scientifique sur la propagation des virus, ou sur l’impact du réchauffement climatique sur l’environnement. De la même manière, la recherche sur la désinformation doit pouvoir être menée sans encombre, et avec l’accès aux informations nécessaires pour en saisir la complexité. La compréhension des ressorts économiques, politiques et technologiques de la désinformation est une question de santé publique, de résilience démocratique et de sécurité nationale.
Nous sommes au stade où la société civile n’a pas encore pris conscience du fait que sans un écosystème info-communicationnel sain, nous n’avons aucune chance de faire émerger des réponses concertées face aux grands défis (climat, santé, biodiversité, démocratie, etc). Pire : nous n’en sommes même pas au stade où l’on se préoccupe de préserver nos capacité d’analyse face à ce problème. Comme si le GIEC n’en était qu’à ses balbutiements.
Mais je te rejoins sur le caractère incantatoire de cet appel (dont je suis signataire). Parallèlement à l’action à grande échelle, nous avons besoin de cultiver des alternatives, des démonstrations qu’un autre accès à l’information est possible. Ce à quoi je m’emploies avec needle.social (dont nous avons discuté un peu il y a quelques jours ici).
La publicité (et les annonceurs) a toujours été exclue du projet : l’idée de Needle n’aurait jamais germé sans cela.
Par bénéficiaire, j’entends les utilisateurs, les citoyens, les collectifs, les organisations… Mais pour l’heure, ce sont surtout de gentils cobayes qui essuient les plâtres avec nous, car fabriquer quelque-chose de vraiment nouveau demande beaucoup de patience et d’abnégation.
Tu as raison, le site de Profluens fait très “startup nation” et je comprends qu’il puisse faire un peu peur. Ça fait partie des mauvaises idées induites par le cheminement auquel on nous pousse dans le monde académique dès que l’on veut sortir du labo. Pour sortir de ce modèle, j’adhère complètement à l’idée d’archipels et je te rejoins sur Framasoft. Modulo la lourde tâche de nouer et faire vivre tous ces liens.
Je suis convaincu que Needle a des applications naturelles pour mettre en valeur les publications scientifiques qui le méritent vraiment et outiller notre sérendipité. Mais être chercheur ne suffit pas (nul n’est prophète en son pays). Peut être même au contraire : la fascination pour “le privé” est encore forte et on a bien du mal à appliquer ce qu’on professe. Il n’y a qu’à voir la faible part de PhD parmi les “ingénieurs de recherche” qui dirigent nos services universitaires, alors que l’on clame haut et fort que le doctorat est gage de solides compétences professionnelles. Ajoute à cela des jeux de pouvoirs multidimensionnels (l’université de l’invisible de Terry Pratchet est assez fidèle à la réalité) et tu comprendras que faire émerger une projet par des universitaires pour des universitaires est une vraie gageure.
Une piste en réflexion actuellement serait de co-construire quelque chose avec des associations d’anciens. Needle pourrait en effet avoir des applications immédiates pour rapprocher les membres de ces collectifs qui - sans le avoir - se croisent sans doute sur pas mal d’information ou de ressources professionnelles. L’avantage étant que chacun ancien est un relai potentiel d’autres organisations (son employeur et/ou ses assos).